« Être un bon traducteur, c’est connaître la société japonaise sous tous ses aspects » Géraldine Oudin, traductrice indépendante du japonais vers le français

Traductrice indépendante du japonais vers le français depuis 2008, Géraldine Oudin a étudié le japonais en licence LLCE à l’Université de Strasbourg. Elle traduit aujourd’hui de nombreuses œuvres.
Pourquoi avoir choisi le japonais ? :
Géraldine a toujours eu le goût des langues et de la philosophie. « J’ai pensé qu’apprendre une langue très différente du français me donnerait accès à une autre façon d’envisager le monde. » Elle s’inscrit à l’Université de Strasbourg et étudie la seule langue asiatique proposée en majeure à ce moment-là : le japonais. « Heureusement, le coup de foudre a été immédiat », dit-elle avec engouement.
Études universitaires :
Géraldine commence son parcours universitaire à l’Université de Strasbourg en licence LLCE études japonaises, sans aucune connaissance préalable de la langue. Lors de sa 2e année d’études, elle répond à une annonce de l’agence du développement de l’Alsace et décroche un poste au Japon pour une durée de 6 mois dans un écomusée. Suite à cela, elle saisit l’opportunité d’effectuer une année d’échange à l’Université de Waseda, à Tokyo, en 3e année. « Une fois au Japon, tout ce que j’ai appris en licence - la grammaire, le vocabulaire - s’est très rapidement mis en place dans mon esprit ». De retour en France, Géraldine s’inscrit en parallèle en licence d’ethnologie, qu’elle obtient en partie par validations d’acquis.Elle poursuit son parcours universitaire par un Master de sciences sociales spécialisé en anthropologie du Japon à l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales), à Paris, et obtient une bourse du ministère japonais de l’Éducation, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie (MEXT) qui lui permet de mener des recherches à l’Université de Tokyo. Ces séjours au pays du soleil levant renforcent sa compréhension de la culture et de la civilisation japonaises. Après quelques années d’exercice en tant que traductrice, elle obtient également un Master en traductologie.
Après les études :
Après ses études, Géraldine Oudin est sollicitée par plusieurs grandes entreprises japonaises, mais préfère rester indépendante et se lance dans une carrière de traductrice. A ses débuts, elle prend en charge des documents techniques, puis, après avoir adapté plusieurs jeux vidéo, elle se consacre exclusivement à la traduction littéraire et d’édition. Elle adhère à plusieurs associations professionnelles dont la SFT ou l’ATLF, ce qui lui permet d’étoffer son réseau et de bénéficier de formations concrètes que ce soit en matière de gestion de son activité ou de techniques de traduction pure. Elle retient une expérience très formatrice : la Fabrique des traducteurs, organisée par le CITL (Collège international des traducteurs littéraires), à Arles. Elle mentionne également l’ETL (֤École de traduction littéraire), à Paris, qui lui a permis de mieux appréhender la chaîne du livre, ce qu’elle juge essentiel pour travailler main dans la main avec des éditeurs. Sa mission : « Rendre les œuvres japonaises accessibles au public français ».
Un mot sur l’Intelligence Artificielle :
Géraldine n’est pas effrayée par l’émergence de l’IA qui, d’après elle, ne peut égaler la sensibilité littéraire, l’intuition, la subjectivité et la créativité d’un bio-traducteur : « nous sommes les auteurs et autrices de la version française ». La plupart des éditeurs se soucient réellement de la qualité des œuvres qu’ils publient et n’envisagent pas de se passer de collaborateurs humains. En revanche dans certains secteurs, notamment en traduction technique, l’IA est déjà bien présente, condamnant une partie des traducteurs à la relecture de textes produits par des machines, ce qui, selon elle, est un tout autre métier.Conseils aux futurs étudiants :
« Partez au Japon ! Avec une bourse, un visa vacances-travail, dans le cadre du programme JET, ou sans filet. Mais partez. Vivez. Peu importe le métier que vous exercerez, il faut avoir vécu pour être un bon traducteur. Il ne suffit pas de maîtriser une langue, il faut connaître la société japonaise sous tous ses aspects. »
« La traduction littéraire est un artisanat qui nécessite une sensibilité littéraire et une plume affûtée. N’empruntez donc pas ce chemin sans ces cordes à votre arc. »